Les robots dans la lutte contre le handicap sensitif et moteur
Histoire de la robotique dans la lutte contre le handicap
Le développement de la robotique a ouvert dans le domaine de la compensation du handicap des perspectives qui, il y a une vingtaine d’années, relevaient encore de la science-fiction. Ces nouvelles technologies permettent aussi bien la compensation d’une faiblesse musculaire que la substitution d’un membre.
La substitution d’un membre avec l’utilisation de prothèses remonterait à l’époque de la préhistoire. Elle s’est ensuite développée durant l'Antiquité tout d'abord en Egypte, puis en Grèce et à Rome, puis durant le Moyen-Âge, même si ces prothèses n'avaient qu’un but fonctionnel (crochet), et au cours de la Renaissance où les chirurgiens ont élaboré de nouveaux dispositifs qui seront utilisés jusqu’à la fin du XXème siècle. Au XXème siècle les différentes améliorations apportées aux prothèses ne sont que des évolutions sur le plan purement esthétique ou du confort, avec l’utilisation de matériaux plus sophistiqués tels que le plastique, plus souple et plus léger que le bois ou le fer. Ce n’est qu’au XXIème siècle seulement qu’apparaissent deux évolutions majeures.
Dans un premier temps, l’utilisation de prothèses mécaniques ou électriques à commandes conventionnelles comme les exosquelettes permettent non pas de substituer un membre, mais de pallier à une faiblesse musculaire ou nerveuse. Ces innovations nécessitent pour autant toujours l’intervention d’un tiers ou d’un autre membre pour leur fonctionnement.
Le saut technologique en cours qui caractérise notre siècle est le passage à l’étape bionique, qui donne la possibilité de connecter directement ces prothèses aux terminaisons nerveuses permettant ainsi de les commander directement par notre cerveau. De nouvelles innovations basées sur ce concept sont en train de voir le jour avec pour exemple majeur l’œil bionique directement relié au nerf optique, ou le fauteuil roulant connecté imaginé par Intel et Stephan Hawking qui permettrait d'améliorer la vie de milliers de personnes.
Ci-contre : exemple de prothèse de jambe antique (romaine)
Un espoir de nouveau départ pour les handicapés
Ces technologies ont permis à des personnes exclues de la société du fait de leur dépendance et de leur besoin constant d’assistance d'avoir une meilleure mobilité et donc de favoriser leur autonomie et leur insertion sociale. En effet, l’invention de l’exosquelette tel que le Rewalk ou le HAL a permis à certain paraplégiques de quitter leur fauteuil roulant et de marcher à nouveau. L’exosquelette recouvre les jambes et les cuisses des paraplégiques, il est composé de deux moteurs installés au niveau de l'articulation de la hanche et du genou. Il permet la compensation d’une faiblesse musculaire. L’utilisation de la main bionique pour une personne ayant perdu une main suite à un accident du travail permet de lui redonner une certaine autonomie et d’envisager de reprendre une activité professionnelle. Ainsi, des personnes handicapées qui se sentaient affectées moralement avec un sentiment d’inutilité et de rejet voient à travers ces innovations un espoir et un début de réintégration au sein de la société avec les bénéfices moraux et économiques qui en découlent.
Ci-contre : photographie d'un handicapé retrouvant ses anciennes habitudes de vie grâce à l'exsoquelette Rewalk.
Une diffusion freinée par des coûts encore trop élevés
Ces innovations présentent pourtant toujours des limites. En effet, le coût que représentent ces nouvelles technologies limite leur accès à un groupe très restreint d’individus se trouvant essentiellement dans les pays développés, ce qui a pour conséquence de creuser les inégalités sociales. Pour autant, un espoir est présent car il serait économiquement plus rentable aux différents états de donner un accès de ces équipements à toutes les personnes en ayant besoin, que de payer les coûts de dépendance et d'aide sociale.
Ces innovations peuvent également présenter des limites morales, et créent des débats éthiques : jusqu'où pouvons-nous remplacer les organes du corps humain et lutter contre la mort ? Si ces limites seront traitées dans la prochaines partie, d'autres, plus concrètes, sont liées à la sécurité. Se pose en effet la question de savoir s'il est sûr ou non d'équiper des individus d'organes robotiques 'invincibles', et peut-on confier de telles technologies à n'importe qui, sachant qu'elles pourraient être utilisées à mauvais escient.
Ci-contre : capture du film Elysium, où les riches disposent de Medbox, robots permettant de soigner même le cancer, alors que les pauvres meurent sur Terre faute de soins.