Robots domestiques et production de biens

Alors que la robotique domestique permettant la production de services s’est déjà démocratisée se développent les premiers robots domestiques permettant la production de biens. Ces robots, qui ne sont encore qu’ au stade de prototypes, pourraient avoir des conséquences sociales importantes que nous allons développer dans la suite de l’exposé.

 

Le succès actuel des imprimantes 3D personnelles laisse supposer que l’impression 3D en est à son commencement, or ce n’est pas le cas. L’impression 3D existe en réalité depuis environ 25 ans, la première a été lancée en 1988 sans pour autant qu'elle ne soit désignée par le terme imprimante 3D. Elle est longtemps restée associée à un usage industriel très spécialisé pour le prototypage et l’outillage rapide.

Ce n'est qu'en 1996 que naît l’expression « imprimante 3D » qui qualifie ces objets, et  c'est cette même année qui sera témoin de l’essor de ces imprimantes en différents modèles, ainsi le développement de nouveaux procédés.

Ce n’est cependant qu’à partir des années  2000 que l’imprimante 3D commence à se démocratiser avecs services en ligne d’impression pour les particuliers se développent alors. On peut aujourd'hui acheter un modèle déjà modélisé en ligne, et l'imprimer pour son propre compte, voir même le commercialiser (parfois sous licence de droits d'auteur), ce qui rend l'utilisation de ce robot accessible à tous, alors qu'elle ne l'était qu'aux développeurs.

Ce n'est que le 17 mars qu'est presentée une révolution dans le domaine de l'impression 3D par la start-up Carbon 3D : là où ses prédecesseurs se contentaient d'empiler des couches de matière, l'imprimante Continuous Liquid Interface Production crée dynamiquement des formes complexes et solides à partir de résine liquide, et permet d'accelerer la production de 25 à 100 fois, ce qui, une fois commercialisée, entraînera des gains de productivité majeurs.

Ci-contre : image tirée de la présentation de la technologie de Carbon 3D.

 

 

 

Aujourd’hui de nombreuses entreprises, principalement en Europe, font émerger leur idée de rendre l’imprimante 3D accessible aux particuliers et non plus seulement aux industriels.

Dans l'industrie, l’utilisation de l’imprimante 3D, c’est à dire la possibilité de concevoir des prototypes disponibles rapidement et à moindre coût, a eu de nombreux effets et en aura encore plus demain. Aujourd’hui, il faut des mois entre le lancement de la fabrication d'un produit en Chine ou en Thaïlande et sa disponibilité dans nos pays. Avec l'imprimante 3D et l'impression immédiate de produits finis, quelques jours suffiront, avec en prime l'économie du coût de transport et la maîtrise du processus de fabrication. Cela pourrait même, pour certains, conduire à une relocalisation des entreprises en France par exemple, puisque cela leur permettrait de réduire sensiblement leurs coûts de production.

Avec l'impression 3D, il sera facile aux fabricants de sauvegarder la modélisation des  pièces dites détachées, et de les fabriquer à la demande. Cela entraînera donc la disparition des  stocks aux coûts exorbitants et de la logistique lourde, et une meilleure satisfaction des clients. Dans le même ordre d'idée, et en tenant compte de l’avènement sur le marché de produits connectés, les appareils électro ménagers, par exemple, pourront envoyer un diagnostic au SAV de la marque automatiquement qui pourra immédiatement lancer la production de la pièce de remplacement. Il ne reste alors plus qu'à programmer une intervention à domicile, sans perte de temps en diagnostic sur site ni problème de disponibilité des pièces de rechange. 

 Aussi surprenant que cela puisse paraître il sera possible avec l'impression 3D de créer de la nourriture. En effet, la Nasa travaille ainsi sur un prototype permettant de réaliser des pizzas par empilement de couches, la matière étant constituée de poudres alimentaires et de compléments chauffés (et donc cuits) au moment de "l'impression". Cette nouvelle a à la fois des aspects positifs et négatifs. Elle permettra d’éliminer ou de fortement réduire les famines dans le monde car la nourriture pourra être produite à moindre coût mais les groupes agro-alimentaire utiliseront cette technologie pour diminuer leur coût de production par substitution du capital au travail et améliorer leur compétitivité-prix mais la qualité de notre alimentation risque de se dégrader.

Ci-contre : pizza créée par la Nasa à l'aide d'une imprimante 3D.

 

Cependant les imprimantes 3D peuvent aussi engendrer des risques car chacun pourra fabriquer ce qu’il veut chez lui s’il dispose de cette nouvelle technologie.

La démocratisation des imprimantes 3D pourrait conduire à l'effondrement du secteur industriel et agricole et donc une explosion sans précédent des taux de chômage. En effet, les populations seront moins incitées à acheter de la nourriture issue de l'élevage et de l'agriculture si elles peuvent simplement imprimer chez eelles grâce à leur imprimante un plat tout préparé à un prix relativement moins élevé.

Les imprimantes 3D pourraient aussi être utilisées à des fins criminelles avec la fabrication d’armes et de munitions chez les particuliers. Même s’il existe un logiciel bloquant l'impression de certaines parties d'une arme à feu, ceci ne suffira pas à assurer une quelconque régulation ni à supprimer entièrement le danger. Un développeur américain a déjà illustré ce problème et ouvert un débat sur la question en imprimant une arme à feu fonctionnelle, où toutes les pièces avaient été imprimées et seule la poudre avait été achetée. Néanmoins, se procurer une arme n’est aujourd'hui pas d'une difficulté extrême si l'on en juge par leur l’omniprésence dans les faits divers. On peut donc se demander si l’imprimante 3D va vraiment empirer ce problème.

L’imprimante 3D aura également des effets incontestables sur l’emploi car les besoins en main d’œuvre seront fortement réduits. Cela ne veut pas dire que l’impression 3D fera augmenter le taux de chômage mais simplement que nous assisteront à un déversement de l’emploi, les emplois dans la fabrication d’objets seront remplacé par des emplois plus spécialisés dans la conception assistée par un ordinateur, dans les organisations logistiques etc. Il est donc essentiel de créer dès maintenant les filières de formation dont on aura besoin.

 

Ci-contre : pistolé imprimé avec une imprimante 3D par un développeur américain. L'arme fonctionne et seule la poudre n'a pas été imprimée.

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